Une grande oubliée des pâtures tellement elle est petite et raffinée, et pourtant… Je vous souhaite de la rencontrer sur votre chemin pour découvrir tous ses bienfaits !
Critères de reconnaissance
De la famille des choux – les Brassicacées – chaque Capselle bourse-à-pasteur arbore à son pied une rosette de feuilles poilues, comme la rosette de la Pâquerette par exemple. N’hésitez pas à prendre quelques feuilles entre vos doigts et à les froisser ! On y retrouve l’odeur caractéristique des choux, des fanes de radis, des navets… Un parfum légèrement piquant et soufré, qui nous indique qu’on est bien dans cette famille.
Autre indice : les fleurs, aussi petites que délicates, ont des pétales en forme de croix. L’ancien nom de cette famille s’appelle d’ailleurs les « crucifères ».
W. Coles, botaniste herboriste anglais, écrivait en 1657 : « on l’appelle bourse à pasteur ou boursette à cause de la ressemblance de ses fruits avec cette sorte de sac en cuir que portent les bergers pour emporter leurs victuailles ».
Ce qui est le plus visible à nos yeux, généralement, ce sont ses fruits, évoquant un porte-monnaie de curé selon les anciens… Pour nous, ils ont plutôt la forme d’un cœur, ou même, selon les générations, d’un like, (rires) !
Le saviez-vous ? Selon la célèbre théorie des signatures, les graines de la Bourse-à-pasteur, par le romantisme de leur forme, seraient un excellent remède pour soigner le mal d’amour !
Comestible !
C’est l’une des plantes les plus communes en France et en Europe qui demeure un excellent « légume sauvage », alors profitez en dans vos cueillettes ! Les toutes jeunes feuilles qui partent du centre des pousses sont les meilleures à manger (c’est comme le cœur de la salade) avec un peu de noix et de la vinaigrette. Vous pourrez aussi vous régaler d’une bonne salade de feuilles en compagnie de plantain, pissenlit et toutes autres fleurs et feuilles des champs. Elle a la même action diurétique que le pissenlit en agissant positivement sur les troubles urinaires.
Confusions possibles avec la rosette de pissenlit : Cette plante annuelle ressemble au pissenlit mais ce dernier n’a pas l’odeur piquante et soufrée, et beaucoup moins de poils !
Médicinale, bien sûr !
Les tiges et feuilles de cette plante contiennent des tanins, de la vitamine B4, des acides organiques et des flavonoïdes. Ses effets astringent et hémostatique peuvent même agir lors de vos randonnées. Il suffit de faire sortir le jus des feuilles en les frottant bien contre la coupure et les saignements s’arrêteront.
En interne, vous pouvez tester l’infusion de fleurs et de feuilles séchées, idéale pour dans plusieurs cas :
- un début de cystite
- en cas d’hémorroïdes
- pour réguler des règles abondantes
- pour les problèmes de circulation sanguine
Précautions à prendre : son action ocytocique l’interdit aux femmes enceintes et elle est déconseillée aux personnes sujettes aux phlébites ou suivant un traitement anticoagulant.
Carnivore ?!
Cette plante aurait des attitudes légèrement carnivoresques avec les habitants du sol…
Pour la petite histoire :
- En 1969, des chercheurs étudient des moyens de lutte contre les larves aquatiques des moustiques. Ils observent qu’en présence de graines de capselle, les larves s’agglutinent à plusieurs autour d’une même graine et y restent collées par leur appareil buccal, elles meurent rapidement.
- En 1975, un chercheur démontre une série de faits troublants. Les graines attirent les larves par libération de substances chimiques ; les larves sont tuées par l’émission de substances toxiques ; une activité de décomposition des protéines larvaires est mise en évidence et les graines en germination se montrent capables d’absorber des acides aminés issus de cette dégradation. Erreur… On avait oublié un détail : dans la nature, les graines de capselle ne se trouvent jamais en contact avec des larves de moustiques qui vivent dans l’eau !
- Il faudra attendre 2018 pour qu’une nouvelle étude vienne confirmer définitivement cette hypothèse… Sur les nématodes ! En 3 jours, les nématodes attirés sont tués et les taux de germination et les masses des plantules produites sont plus élevés en présence de nématodes. Après transplantation, les jeunes plantes issues de graines au contact de nématodes produisent plus de biomasse de racines et de feuilles. Globalement, il est prouvé que 25% de nématodes restent en vie auprès de ces graines contre 93% en leur absence… Incroyable, non ?
J’ai plein d’autres anecdotes à vous raconter en sortie nature, vous venez ? Le programme est en ligne ici.
Sources :
Zoom Nature : La bourse-à-pasteur et ses super-graines
Capsella bursa-pastoris seeds. Are they carnivorous ? J. T. Barber. 1978 vol. 7 Carnivorous plant newsletter
Petite flore de France, aux éditions Belin
Le livre des simples, les vertus des plantes médicinales aux éditions Rustica
Grimoire d’une cueilleuse, par Françoise Kunstmann