En ce moment, il fait doux et chaud mais essayons de nous projeter en fin d’hiver, lorsque les animaux reviennent de migration, sortent d’une longue hibernation et sont un peu plus actifs grâce aux premiers rayons du soleil.
Je ne sais pas si vous vous souvenez de ce moment sur les réseaux sociaux où je vous partageais des photos d’un amphibien à l’allure à la fois loufoque et rigolote. Si je vous parle du Château de Chambord et de l’emblème de François 1er, peut-être que vous voyez là où je veux en venir ?

Il s’agit de la Salamandre tachetée ! En avez-vous déjà vu ?
Une quête nocturne et forestière
Moi, personnellement, j’ai toujours été à sa recherche, peut-être un peu trop naïvement en pleine journée. Or, la Salamandre tachetée est un animal crépusculaire et nocturne ! J’avais trouvé il y a quelques années ce cadavre de salamandre en altitude, dans les belles Pyrénées, me mettant déjà sur une piste bien motivante… Vous saviez qu’on peut la retrouver jusqu’à 3000 mètres d’altitude ?!

Quand et où l’observer ?
Dans mes recherches, j’oubliais aussi de mettre l’accent sur son milieu préféré : les forêts humides. On m’avait dit qu’elle était beaucoup présente en forêt d’Orléans ainsi qu’en Sologne. J’ai donc un peu laissé de côté les grands parcs, bien qu’arborés, trop proches des villes…
La salamandre s’observe plus favorablement au mois de mars, lorsque les femelles sont prêtes à pondre – une cinquantaine de petites larves qu’elles vont déposer dans l’eau – et idéalement avec une température dépassant les 5 à 6°C, juste après une pluie.
Depuis les mois de mars/avril, je n’ai pas prolongé les observations car il se passait tellement d’autres choses chez la faune sauvage ! Le retour des chants d’oiseaux et des grenouilles, le fleurissement des prairies, la préparation des sorties nature… Il est certain que vous pourriez continuer d’en observer puisque leur activité continue jusqu’en novembre.
Mais que fait la salamandre l’hiver ? Elle hiverne sous des pierres, dans des cavités abandonnées par d’autres animaux (trous de taupe, terriers de rongeurs), avec une préférence pour le bois mort.
Un animal protégé, mais menacé
Salamandra salamandra, de son jolie nom latin et ses allures quelques peu extraordinaires (peut mesurer jusqu’à 20 cm et être teintée aussi de tâches oranges), est une espèce protégée, menacée et en déclin, à cause notamment des accidents routiers lors de ses migrations (elle adore l’asphalte tiède et circule très très lentement !) et la disparition progressive des zones humides.
Comment l’aider ?
A petite échelle, vous pouvez :
- partager cet article autour de vous
- installer une mare dans votre jardin pour lui permettre de pondre
- lui créer une zone refuge (pierriers, tas de bois mort avec des cavités…)
En échange, elle éliminera les « nuisibles » de votre potager : coléoptères, chenilles, araignées, insectes, vers. Méfiance, les larves peuvent aussi être cannibales entre elles, rires !
Le saviez-vous ?
Julien Perrot est le fondateur d’une revue qu’il a appelé « La Salamandre », et qu’il tient depuis ses 11 ans. Fantastique revue que je vous invite à découvrir ici.

Julien Perrot nous raconte comment il a choisi cet animal pour nommer sa revue :
Je n’ai pas fait d’enquête marketing, ni réfléchi à l’association du noir et du jaune qui serait visuellement impactante ! Mais gamin, je ramenais toutes sortes de bestioles à la maison, et puis un soir, je me baladais tout seul dans la forêt, j’avais 10 ans, mes bottes, mon imperméable, et dans le faisceau de ma lampe de poche, j’ai vu une salamandre, comme un petit dinosaure en plastique. Sauf qu’elle bougeait, c’était donc bel et bien un être vivant. Cela m’a beaucoup impressionné. À l’époque, je ne pouvais pas aller voir sur Wikipédia, donc j’ai appris dans les livres, et je rêvais d’en revoir. Quelques temps plus tard, dans la même forêt, au printemps, j’en ai retrouvé une avec un gros ventre. Je me suis dit qu’elle allait faire des bébés. Je l’ai installée quelques jours chez moi, j’avais fait tout un terrarium, avec un coin en eau parce que j’avais lu qu’elles en avaient besoin. J’ai attendu, observé, et un matin juste avant d’aller à l’école, j’ai collé mon nez contre la vitre et vu cette maman salamandre mettre au monde une dizaine de larves. C’était mon premier grand contact avec le miracle de la vie. Il y a des gens qui disent ça en voyant vêler une vache, moi c’était des bébés salamandres, voilà. Une belle émotion, que j’ai revécue bien plus tard et plus fortement en voyant naître mes trois enfants, mais c’était déjà très beau. Et comme j’avais envie de créer un petit journal sur la nature, pour partager ma passion et essayer de faire quelque chose de positif face à la destruction du vivant qui me hantait déjà il y a quarante ans, j’ai choisi ce nom. L’objectif est inchangé depuis, parler de ce que les gens peuvent encore plus ou moins observer autour de chez eux. Pas des histoires exotiques.
Extrait de La salamandre, animal des forêts en bonne santé par l’Association Francis Hallé
Si vous souhaitez en savoir plus sur la faune sauvage, je vous donne rendez-vous en sortie nature !

Sources :
MNHN & OFB [Ed]. 2003-2025. Fiche de Salamandra salamandra (Linnaeus, 1758). Inventaire national du patrimoine naturel (INPN). Site web : https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/92 – Le 23 juillet 2025
Natagora Be : La Salamandre terrestre
Association Francis Hallé pour la forêt primaire : La salamandre, animal des forêts en bonne santé – 13 juin 2023